Le cadran solaire est toujours au même endroit, suspendu par-dessus l’arche rocheuse où le soleil s’arrête toujours à la même heure, où les étoiles à la nuit tombée se reflètent comme à travers un lac.

Les bruits se sont éteints, les Chorsières sont rentrées chez elles et les professeurs chicanent à l’arrière du grand Moulin en abandonnant les écueils de leurs élèves. L’air est frais, aucune menace ne peut imprégner Colombe, bien gardée par son Dôme impénétrable.
Pourtant, lorsque la lueur du jour se peint contre les vitraux des chambres, les fenêtres s’ouvrent et une odeur pestilentielle remonte au nez. C’est Madame Blanche, les coussinets carmins qui s’est dépêchée de miauler à l’aide, la voix crécelle et les yeux larmoyants.

Les portes sont closes, les élèves ne peuvent sortir du château et Madame la directrice et ses collègues restent choqués devant le cadavre d’un élève. Son cœur a stoppé et une aura sinistre erre dans les environs.
Une étrange magie, inconnue de tous, empeste sur le céleste décédé. Fils modèle des Vernes, célèbre famille régnant sur Nas’Wël, voilà que les enquêtes s’enchaînent et que l’on se demande comment tout ça a bien pu arriver.
Pourtant, rien ne semble vraiment avoir changé… Les enfants s’adonnent toujours aux mêmes rites que d’ordinaire, lève toujours le doigt de la même manière et câlinent de la même façon leur familier. En revanche, les mesures de sécurité dans l’enceinte de l’Académie ont été grandement renforcées : un couvre-feu a été mis en place, et des miliciens venus tout droit de la capitale assurent la protection des élèves et du personnel. Scientifiques, enquêteurs et sorciers puissants se bousculent dans les couloirs de l’école dans l’espoir de trouver des réponses.

Le calme est revenu, mais les esprits sont plus méfiants. Que se passe-t-il à Colombe? Comment une telle magie a-t-elle pu pénétrer à l’intérieur de l'académie sans que la directrice ne s’en aperçoive et percer la coquille pourtant impénétrable des sortilèges de protection jetés sur l’école?
Des murmures qu’on s’échange entre deux cours, des mots qu’on se passe lorsque le professeur écrit au tableau naissent les rumeurs, profanes et blasphématoires ; cette magie qu’on ne connaît pas, qui transcende même les connaissances infinies de Cressida Alcyone, et si elle venait de là-haut, de ces Anciens qu’on n’a plus revu depuis des millénaires?