La vie paisible, le rire facile. Hazel est calme, tranquille. Pas tout à fait confiant mais plutôt à l'aise ; parce que c'est en autrui qu'il a confiance en réalité, parce qu'il croit en la bonté même s'il faut parfois beaucoup creuser. Il pardonne, sans cesse, à la deuxième chance, la troisième, la vingtième, la centième, sans compter ; pas aveugle, pas naïf, mais toujours, toujours le dernier à croire, à avoir foi. Il aime aider, il rejoindrait tous les clubs et serait bénévole de tout et tout le monde s'il le pouvait ; mais le temps ne s'étire pas à l'infini. Les choix sont difficiles pour lui ; il aime mieux quand le chemin est tracé, quand il y a des panneaux partout, quand il y a un leader à suivre. Il suit les mouvements qui lui plaisent et voilà tout.

Hazel est doux. Il est tendre, il parle doucement, d'une voix grave, avec des mots justes et des syllabes soignées comme celle des narrateurs d'histoire. Aussi surprenant que cela puisse paraître il n'est pas candide pour un sou, mais qu'est-ce qu'il aime le laisser croire. Hazel c'est quelqu'un qui s'ennuie facilement et qui n'aime pas s'ennuyer ; alors il cherche l'agitation, le bruit, les rires, les cris. Il aime s'installer en périphérie, il aime regarder, parfois surveiller, d'autres fois participer. Il aime la franchise qui déstabilise, il aime la bizarrerie qui captive. Il aime quand ça se mélange et que ça devient incompréhensible, chaotique, quand les langages se décryptent et tout en même temps il ne supporte pas quand ça se heurte. Hazel n'aime ni se bagarrer, ni se disputer : alors il essaye de tuer le conflit dans l’œuf, de prévenir et d'intervenir des fois même quand ça ne le concerne pas. Il peut devenir ferme, et il peut gronder, mais toujours si doucement, comme s'il avait peur de casser.

Médiateur mais certainement pas meneur, surtout pas, jamais. Les responsabilités l'effraient et c'est pour cette raison qu'il a peur de décider quoi devenir. Incapable de tenir entre ses mains les espoirs des autres, viscéralement effrayé à l'idée de les abîmer. Hazel est d'avantage à l'aise à l'ombre des arbres, à l'orée de la forêt, à l'arrière de la foule. Il prend son temps, va à son rythme, s'il a besoin d'aide il ne craint pas : il se confie, il avoue, il ne ment pas. Il espère qu'on l'aidera comme il aime aider.

Il déteste ne pas avoir cette capacité. Il déteste être démuni quand il sait que la maladie ronge, les poumons, les os, le cerveau. Il souffre avec ceux qui ne savent plus comment s'en sortir et la peine est lourde, la peine est pesante, il est tellement incapable d'ignorer qu'il n'a des fois pas la force d'assumer. Pourtant, quand il peut, il essaye, il promet d'être là, cherche les mots, panse les plaies, jure de tendre l'oreille.

S'occuper des autres lui prend beaucoup d'énergie, surchauffe son esprit de mauvaises pensée, alors Hazel fait du sport, se défoule, vide sa tête. Rien de structuré, seulement courir, courir jusqu'à ce que ses poumons brûlent et que ses jambes lâchent. Souvent dans la forêt, toujours tard le soir ou tôt le matin. Il revient trempé de sueur, les cheveux collés au front, apaisé. Des fois, il préfère nager, ou alors juste mettre la tête sous l'eau et oublier qu'il a besoin de respirer.

Il aime la nature, c'est là qu'il s'y ressource. Hazel est une dryade et il est toujours le plus à l'aise au milieu des arbres entre lesquels il ne se perd jamais. Il s’assoit, il écoute le bruissement des feuillages, le piaillement des oiseaux, il ferme les yeux et oublie que le temps existe.

Il oublie les flammes qu'il évite si farouchement, il oublie l'odeur de la chair brûlée.

Il oublie le cadavre de l'élève, oublie les coussinets tâchés de sang, oublie les cris affolés.

Il préfère toujours rassurer les autres pour oublier.