ava, elle n'est pas très drôle. elle te fait un peu rire, recroquevillée, comme ça, elle semble essayer, participer. elle te fait sourire, un peu, du coup des lèvres. monsieur pêche, un peu doux, un peu acidulé. ça te va bien, pourquoi pas. monsieur orange vitamine C, celle qui donne de l'énergie, fait avancer. elle t'a bien cerné. les doigts dans la chevelure de feu pour dégager les mèches qui s'envolent, remonter les lunettes sur le bout de ton nez.

ava règne en silence, se tait, observe. elle t'écoute, elle écoute. le monde qui l'entoure, tout. à l'affût des changements de l'air, de tes mots qui se bousculent, qui ne veulent plus rien dire. elle en dit trop sans en dire assez, te fait hausser les sourcils, prendre un air faussement choqué, hausser les épaules pour acquiescer. tu aimerais ne pas avoir peur des Anciens non plus, l'ignorer s'ils ne dictaient pas autant ta vie, s'ils n'étaient pas inscris dans les étoiles, s'ils ne te forçaient pas à baisser les front. ava est forte, probablement, plus que toi, c'est certain. peut-être que tu pourras la faire changer d'avis, ava, que tu pourras la faire discuter, un peu, la distraire, la faire remarquer.

les mains qui se lèvent, ce n'est pas toi, tu ne te plains plus à monsieur raisin, c'est fini - tu n'as pas envie de finir les chevilles dévorées, les articulations à vif, et tu ris, un peu, « peut-être que la prochaine fois, on pourrait se mettre à côté, plutôt, non ? » demandé sans l'être vraiment, probablement que tu ne lui laisseras pas le choix, « j'suis super fort, en plus. » ce n'est pas forcément vrai - elle est probablement meilleure que toi. tu n'es pas mauvais, tu n'en fais juste plus assez. il le faudrait, pourtant. elle te plaint, faussement, elle te plaindra peut-être pour de vrai, plus tard. « comme ça,je pourrais copier. les cours, je veux dire. » véritable enfant que tu es.

curieux, tu ranges tes doigts, observes le gant que tu voudrais enlever. sensible, dit-elle. « ce n'est pas un défaut, pour toi, je crois. » pour les autres, c'est sujet de moquerie, ça les fait rire de voir les larmes de crocodiles glisser sur tes joues rouges, ça les amuse de t'effleurer l'épiderme contre quelques larmes sacrés. tu es sensible, mais tu n'as pas choisi de l'être, tu crois pas, le compliment te fait rosir, un peu, sur le haut des pommettes, tu souris, sensible oui, pourquoi pas, aux vies, au futur, au passé, à rien. sensible, comme tous les jours. « moi, j'aimerais l'être un peu moins » avoir le coeur pansé, sans douleur.

le rire te coupe, te tire de tes pensées. « je peux monter un véritable business. larmes de médium... je peux peut-être même leur prêter des pouvoirs qu'elles n'ont pas. tu crois que les Anciens m'en voudraient ? » peut-être que tu te ferais maudire, peut-être même que l'on te retirerait ton don, que tu ne seras plus sensible. peut-être que tu arrêteras de pleurer. « maintenant, peut-être que je n'ai plus envie que ça s'arrête, alors » rires légers et soudainement, deux doigts se lèvent devant les yeux de la jeune femme. « à toi. un défaut, une qualité. » comme des enfants pour apprendre à se connaître, comme ça. « ou plutôt, un défaut, qui peut être plutôt une qualité ? » et peut-être qu'elle aussi, ça serait sa sensibilité.